1944 - Ma mère, c'était la serveuse du coin et mon père, c'était un soldat. Ils se sont rencontrés un soir. Ça été le coup de foudre instantanée. Une passion est alors né entre eux. Malheureusement mon père se devait une semaine plus tard de partir à la guerre, et ma mère n'a plus eu aucune nouvelles durant plus d'un an. Elle se résolu à l'oublier. Après tout, ça n'avait été qu'une passade. Ma mère, c'était pas le genre de femme à croire en l'amour, elle a toujours été dans naturel réaliste, très terre à terre. C'était pas une femme marrante quoi. Mais mon père en était tombé amoureux malgré tout.

1947 - C'était trois ans après leur rencontre, deux ans après la fin de la guerre. Et là, bien entendu aucun des deux n'aurait imaginer que leur chemins se serait croisé. Ma mère se promenait dans la rue, mon père aussi. Et fiout, le destin a fait le reste. Ils se sont violemment percutés. C'est le classique dans les relations amoureuses. Après, mon père la relevé et a reconnu la femme pour qui son cœur avait tant battu trois ans plus tôt. Ça été rapide après ça, mariage, bébé, maison. Et le bébé, c'était moi bien entendu. Arthur James Templeton. Il n'y en a pas eu d'autre. Non pas qu'il n'en voulait pas, mais qu'il ne trouvait pas la nécessité d'en avoir un deuxième. Oui, c'est sûr, la logique n'était pas le point fort de mes parents. Ils auraient pu en avoir un deuxième, j'en mourrai d'envie. Avoir un p'tit frère que je peux chouchouté à mon aise. Une petite sœur aussi, ça aurait pu être marrant. Faire semblant de me disputer avec elle, alors qu'au fond je l'aimerai plus que tout. Oh oui, j'aurai vraiment rêvé d'avoir un petit être avec qui j'aurai pu câliner, m'occuper, me quereller avec aussi ! Je crois que c'est ce qu'il m'a manqué quand j'étais tout petit. Mais qu'à cela ne tienne ! Au lieu de me morfondre dans mon coin, je m'ouvrais au gens.

1960 - A cet âge je commençait enfin à comprendre et a rentré dans la vie. Treize ans, c'est aussi l'âge de l’adolescence, des premières expériences amoureuses - voire sexuel dans mon cas - , des premières disputes avec les parents, du refus de l'autorité quoi. Vous n'êtes pas obligez de me croire, mais à San Francisco avec mes potes, on était des petits révolutionnaires hippie. Ça faisait peur à nos parents bien-sûr. On passait déjà des soirées entre potes chez l'un ou chez l'autre. Combien de fois les parents de mon meilleur ami ne nous a pas espionnés à travers la serrure, de peur que son fils n'ait des rapports plus qu'amicaux avec ses amis. On avait l'habitude, on s'amusait beaucoup à cet époque. J'étais le plus jeune de ma bande. Les autres avait 16-17 ans. Il y avait deux garçons et une fille, sans me compté moi. Je ne me sentais pas du tout exclu, vu que je m’entendais très bien avec chacun d'entre eux. Nous étions meilleurs amis, inséparables.

1962 - J'avais alors quinze ans et mes parents ont vraiment commencés a s'inquiétés de " ce que j'allais faire une fois devenu adulte " que " ces hippies complètement dévergondés ne sont pas fréquentables " que " je méritais mieux que ça ". Alors à l'été 62, on m'a envoyé vivre chez ma tante, à Los Angeles. Je crois que mes parents n'ont jamais vraiment compris que ma tante n'avait aucune autorité et encore moins envers un ado de quinze ans. C'est vrai que je m'attendais à ce qu'elle sois sévère avec moi et ne me lâche pas d'une semelle. Et bien pas du tout, mes parents auraient dû se renseigné sur l'état d'esprit de ma tante par rapport au mouvement peace and love qui prenait de l'ampleur en Amérique. Ils auraient dû. Si ils lui auraient demandé, ils auraient appris que ma tante est une hippie, une vraie. Pacifiste, calme, luttant contre la guerre et le racisme dans le monde. En fait ma tante c'est moi au féminin.

1965 - Trois ans que je vis avec ma tante à L.A et autant vous dire que je m'y sens comme un poisson dans l'eau. Cette ville, c'est pas vraiment comme San Francisco, mais elle a son p'tit charme. Je vis dans une petite maison avec ma tante. cette dernière n'est jamais à la maison, toujours en train de se souler avec des potes dans des bars ou Dieu seul sait où dans les rues obscures de la ville, un mec à son bras et riant très fort. Ou alors elle est sur le toit de son voisin - accessoirement un de ses nombreux amants - en train d'injurier les passants ou à jouer de la gratte le nouveau titre d'un groupe hippie du coin. Ma tante est une folle, c'est moi qui vous le dit. A côté je suis un véritable ange. Je profite des virés nocturnes de ma tante pour m'amuser à la maison avec mes potes. Et même, je pourrais rentré à quatre heures du matin complètement défoncé, elle ne dirait rien, parce que vu qu'elle serait encore plus défoncé que moi, elle ne remarquerai même pas que je vomi par terre. Alors le lendemain j'imagine qu'elle nettoie en se disant que c'est sûrement elle qui a dégueulé par terre. Une vie plutôt cool non ? N'allez pas croire qu'elle ne s'occupe pas de moi, ils nous arrivent de passer des soirées pépères ensemble. Je l'adore ma tante ! Elle se fiche complètement de mes choix, elle sait très bien que j'aime autant les garçons que les filles, ça la fait marré, sans plus. Je lui raconte mes histoires de lycée, elle me conseille, de temps en temps fait mine d'être une adulte responsable, mais je vois bien qu'elle est comme moi. J'ai beau avoir des heures de retenues, des zéros en sciences, elle se marre à la vu du bulletin trimestriel et me dis que je ferrais quand même mieux de bossé un peu, sinon mes parents vont finir par me faire revenir à San Francisco. Elle a pas tort au fond. Au lycée, on me connait. Je ne suis pas le gars le plus populaire, mais j'ai pas mal de potes qui voit la vie comme moi. Après je ne suis pas vraiment amis avec les gros durs, ni les p'tites frimeuses. A part ça, je suis ouvert à tous les autres. Je mène une vie presque parfaite à L.A maintenant et c'est pas moi qui vais m'en plaindre !